segunda-feira, 1 de junho de 2015

Un voyageur obstiné

Il était devenu un voyageur obstiné.
 
Il souffre d'une certaine sorte d'angoisse, il se sent incapable de saisir une ville. Comme on peut saisir une ville? Vivre dans cette ville, peut-être. Mais combien de temps il faut habiter là pour saisir une ville? Qu'est-ce que cela signifie, vraiment, saisir une ville?
 
Il ne croit pas aux coïncidences. Mais elles se produisent. Elles sont des fauts du monde artificiel, des fautes de la 'matrix'? Le cerveau humain est adapté à identifier les similarités et coïncidences, on dit.
 
Il aime à élire un, au moins un, 'objet' artistique, architecturale ou historique pour être apprécié avec la délectation, le temps et la précision dans chaque ville qu'il connaît. Il est une façon d'essayer de lutter contre cette angoisse de l'impossibilité à saisir.
 
Un certain jour, il a visité une ville presque exclusivement par voir une oeuvre de Brueghel représentant la chute d'Icare. Voilà le genre de chose qui lui remplit, lui donne un plaisir prolongé, une sorte de plaisir qui reste dans la mémoire pendant les années suivantes. La jouissance d'un seul objet, une seule oeuvre, un seul bâtiment. Entrer d'un musée ou une église avec cette détermination particulière. Utiliser 'tout le temps dans le monde' pour saisir cette objet.
 
Le lendemain de la visite, il a rencontré par hasard, dans un journal, un article ou une chronique dont l'auteur parlait de l'oeuvre de Brueghel et avec les mêmes mots, presque, avec lequel il avait décrit, dans la pensée, l'oeuvre pour un ami lointain. Il avait écrit dans la pensée et n'a pas eu le temps de mettre des mots sur le papier, et encore moins de les envoyer sur une carte postale, comme il avait l'intention.

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